Module 6 – Table ronde 1

S’informer et informer sur les réseaux sociaux : les créatrices de cntenus façe au cyberharcelement

En novembre 2023, respect éducation aux médias a organisé la première rencontre issue de notre cycle d’éducation aux médias « Bien S’informer à l’heure des réseaux sociaux ».

Celle-ci a été l’occasion de faire le point sur l’impact des cyberviolences sur la production et consommation médiatique sur les réseaux, alors que 69% des victimes déclarent ne pas savoir comment réagir face aux cyberviolences.

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Le cyberharcèlement, en constante évolution, soulève des préoccupations concernant les droits humains, la liberté d’expression et la santé mentale des victimes. Bien qu’il soit reconnu par la législation française depuis 2014, il reste un phénomène complexe, souvent négligé dans ses aspects sociaux et psychologiques.
Dans cette première rencontre animée par Marie Kirschen avec nos invitées Laure Salmona, Ketsia Mutombo (autrices du livre : « Politiser les cyberviolences : une lecture intersectionnelle des inégalités de genre sur internet »), Angèle Marrey (co-créatrice du média Period et documentariste podcast) et Auriane Dumesnil (cofondatrice de l’association Pépite Sexiste) nous allons explorer les caractéristiques des cyberviolences et du cyberharcèlement, ses impacts et les responsabilités légales et institutionnelles associées.

Nous mettrons également en avant l’importance de l’information et de l’éducation aux médias pour prévenir et gérer le cyberharcèlement, ainsi que la nécessité de sensibiliser et protéger les utilisateur.ice.s dans le monde numérique.

Définition et caractéristiques du cyberharcèlement

Le cyberharcèlement est défini comme un harcèlement moral exacerbé par l’utilisation des technologies numériques. Contrairement au harcèlement classique, il se distingue par sa capacité à se propager instantanément et de manière illimitée à travers l’espace et le temps. Cette absence de frontières géographiques ou temporelles transforme la dynamique du harcèlement, où la victime peut être atteinte à toute heure du jour et de la nuit.

L’un des critères fondamentaux du cyberharcèlement est la répétition des actes de harcèlement. Les agissements, qu’ils soient verbaux ou visuels, sont amenés à se renouveler à travers divers canaux numériques, augmentant ainsi leur impact psychologique. Les intimidations, qu’elles prennent la forme de menaces, d’insultes ou de contenus humiliants, visent à porter atteinte à la santé mentale des victimes, en créant un climat de peur et d’anxiété.

La viralité des contenus numériques représente l’une des particularités majeures du cyberharcèlement. Les messages malveillants peuvent rapidement échapper au contrôle de celui ou celle qui l’adresse, se propageant à une échelle difficilement réversible. Cela rend la situation plus difficile pour les victimes, qui se retrouvent à devoir gérer des contenus devenus incontrôlables et souvent impossibles à supprimer, aggravant ainsi leur détresse psychologique.

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Les enjeux sociaux et psychologiques du cyberharcèlement

Les conséquences du cyberharcèlement sont multiples et impactent à la fois la sphère personnelle et professionnelle des victimes. Parmi les effets les plus fréquents figurent l’autocensure, la dégradation de la santé mentale et la perte de confiance en soi. Les créateur.ice.s de contenu, particulièrement celles et ceux engagé.e.s dans des causes sociales ou féministes, sont souvent confronté.e.s à des vagues de cyberharcèlement en raison de leur visibilité. Ce phénomène contribue à renforcer la pression sur elles et eux, les poussant parfois à se retirer de l’espace public numérique pour préserver leur bien-être.

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Le cyberharcèlement met en lumière une tension entre la liberté d’expression et la sécurité des individus en ligne. Les victimes de harcèlement sont souvent réduites au silence, par peur de nouvelles agressions, ce qui soulève des questions éthiques concernant la balance entre la liberté d’expression et la protection des individus contre les violences en ligne.

Les responsabilités des acteurs sociaux et institutionnels et des plateformes

La lutte contre le cyberharcèlement nécessite une prise de conscience collective, tant des individus que des institutions. La loi de 2018 souligne l’importance d’adopter des mesures spécifiques pour prévenir et traiter ce phénomène.

Les entreprises et plateformes numériques ont un rôle essentiel dans la modération des contenus et la protection des utilisateurs. Les employeurs doivent également protéger la santé mentale de leurs employé.e.s exposé.e.s au cyberharcèlement, notamment en mettant en place des protocoles et des formations.

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Cependant, l’application des lois reste un défi, et des initiatives comme le « Digital Service Act » montrent des avancées, bien que leur efficacité soit encore incertaine. Par ailleurs, des pratiques comme le « shadow banning » compliquent davantage la gestion des contenus et la liberté d’expression en ligne.

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Éducation aux médias : un rempart contre le cyberharcèlement

L’éducation aux médias et à l’information (EMI) joue un rôle central dans la prévention du cyberharcèlement. En enseignant aux jeunes générations les enjeux de l’information en ligne, la vérification des sources et la gestion des risques numériques, l’EMI permet de développer des comportements responsables et conscients. Le projet « Infolympics », par exemple, qui propose des outils ludiques pour sensibiliser les jeunes aux dangers de la désinformation et à l’importance de l’esprit critique, peut contribuer à former une génération mieux armée face à ces risques.

Conclusion

Le cyberharcèlement constitue un défi majeur dans la gestion des comportements en ligne et la préservation du bien-être des utilisateur.ice.s. Ses impacts sont profonds, non seulement sur la santé mentale des victimes, mais aussi sur la liberté d’expression et les normes sociales en ligne.

Afin de lutter efficacement contre ce phénomène, il est essentiel de combiner les efforts législatifs, institutionnels et éducatifs, en mettant l’accent sur l’éducation aux médias et la sensibilisation des utilisateur.ice.s aux risques liés à l’espace numérique.